Les yeux vers la mer

Il est devenu à la mode, au parti socialiste, de tirer à boulets rouges sur Mme Ségolène Royal. D'après ces "éléphants" c'est elle la cause de tous les maux du PS et de son échec aux élections présidentielle et il faut impérativement "refonder" le PS... sans elle, ou au moins sans qu'elle y ait un rôle important.
Franchement, ça me fait bien rire... il faudrait, avant de critiquer Sego, qu'il fasse leur propre autocritique. Pour une fois qu'il y avait quelqu'un qui essayait de faire changer les choses, d'apporter d'autres idées sans s'appuyer sur les dogmes centenaires du PS, ils s'amusent à la massacrer... s'ils arrivent à l'évincer, je ne donne pas cher du socialisme en France ; Sarkozy aura alors les coudées franches et pour longtemps.

J'ai lu dans le Ouest-France un article qui rapporte des propos qui aurait été tenu par Nicolas Sarkozy avant une visite au CROSS (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage) de Corsen en Bretagne. D'après le journal, qui cite le livre de Yasmina Rza, M. Sarkozy aurait dit "Qu'est-ce qu'on va foutre dans un centre opérationnel sinistre à regarder un radar ? Qui a eu cette idée de demeuré ? Je me fous des Bretons. Je vais être au milieu de dix connards en train de regarder une carte"

Eh ben eh ben... bon déjà, je passe sur "je me fous des Bretons" (j'aimerais bien que tous les Bretons qui ont voté pour lui y réfléchissent la prochaine fois...) qui est indigne de quelqu'un qui revendique une stature de chef de d'état. Par contre, les "dix connards en train de regarder une carte" sont les officiers de marine du CROSS Corsen. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est qu'un CROSS, il s'agit des centres qui assurent la surveillance maritime et organisent les secours en mer dès qu'un navire, une côte ou des vies humaines en mer sont en danger. Ce sont, notamment, eux qui répondent à toute demande d'aide sur le fameux "canal 16" de la VHF (canal de détresse sur les radio-téléphones de navire). Ce sont donc les anges gardiens de tous les marins, et tous ceux qui ont eux à naviguer dans des conditions difficiles ou encore qui ont eu un jour à faire appel directement au CROSS savent à quel point ils sont dévoués et à quel point leur présence est importante pour tous.
Alors, s'il est confirmé un jour que M. Sarkozy a bien tenu ses propos... et bien j'aimerais qu'un jour lui ou quelqu'un parmi sa famille ait à demander de l'aide au CROSS. Il saurait ainsi que les "dix connards en train de regarder une carte" ou un radar sont des professionnels dont la présence est vitale pour la navigation, et que, pour toutes les opérations qu'ils ont gérés et au cours desquelles des vies ont été sauvées, ils méritent le respect de tous et surtout d'un futur chef d'état.

Voilà les vacances en Bretagne sont finies. Le beau temps est arrivé les derniers jours, trop tard pour que j'en profite vraiment. Je suis donc rentré à Paris avec A. un copain de là-bas que je vois tous les étés. C'est un punk anarchiste... il vit dans un squat en bossant de temps en temps, le minimum pour avoir à manger et un peu de confort. Il rentrait chez lui en Suisse, donc il a économisé sur le train en rentrant avec moi jusqu'à Paris ; on a pas mal discuté pendant le trajet ; nos modes de vie et plus globalement nos conceptions de la vie sont totalement opposés, mais c'était très interessant de les confronter.

Je n'étais pas mécontent de rentrer. Le temps a vraiment été pourri et au bout de deux semaines et demie sur place je commençait à me lasser. En plus il y a eu plein d'allers et venues dans la maison (et je n'aime pas trop le changement). Par ailleurs, en arrivant, j'étais inquiet de la présence des amis. Finalement, presque tous sont venus, mais pas en même temps, et pour des temps plus courts... mais j'ai presque tous pu les voir. Mais bon, passé le 20 aout il ne restait plus grand monde et heureusement que A. était là, car lui ne bouge pas de l'été. On avait commencé l'été ensemble (en juillet), et on l'a fini ensemble, c'est rigolo. Bon, c'était vraiment des vacances bizarres... je me demande bien ce que je ferai l'année prochaine mais la formule "3 semaines dans la maison de famille" commence à me lasser sérieusement, même si c'est la maison que j'aime, même si c'est dans le plus bel endroit du monde et même s'il y a plein de gens que j'aime là-bas ;)

Aujourd'hui comme d'habitude je suis allé passer une heure au port. C'est un rite que j'ai gardé depuis des années : cela date de l'époque où je passais toute ma journée au port à amarrer les bateaux à passager qui s'y arrêtaient. Depuis, la vie a changé et j'ai d'autres centres d'intérêt, mais comme je connais encore un certain nombre d'équipages de ces bateaux, je passe encore tous les jours faire un bonjour. Et puis, j'ai vécu certains parmis les plus beaux moments de ma vie à cet endroit alors j'aime vraiment y revenir. Aujourd'hui, je ne connais plus grand monde parmi ces équipages, mais je passe quasiment toujours dire bonjour aux équipages du Mor-Bihan (il y a deux équipes en alternance) ; et aujourd'hui j'ai fait un effort pour être là au passage du Rhuys, dont le patron (le capitaine) est une patronne : elle s'appelle Viviane et elle aussi est très sympa. C'est la seule patronne de bateau de la région ! Il y a un autre de mes amis, qui a été patron de la plupart des gros bateaux du Golfe, mais en ce moment le bateau qu'il commande ne s'arrête pas dans notre port et donc je suis passé chez lui la semaine dernière le voir ainsi que son amie.

Dans le Golfe du Morbihan, il y a de très nombreuses compagnies de navigation qui se partagent la desserte des différents ports. Deux d'entre elles ont la plus grande part de marché : Navix et la Compagnie des îles (qui ne sont en fait qu'une seule et même compagnie). C'est surtout les équipages de la Navix que je connais (les plus anciens), et dans une moindre mesure ceux de la Compagnie des îles. Le premier bateau que j'ai amarré en 85 était un de ceux de la Compagnie des vedettes vertes, devenue maintenant Navix. Les patrons de bateau de l'époque étaient des personnages... connus dans tous les ports, aussi bien du continent que sur les îles. Les équipages ne bougeaient pas trop (embauchés à l'année, alors que maintenant ce sont principalement des saisonniers), et les bateaux principalement en bois. Dans la fin des années 80, il y avait pas mal d'ados qui, comme moi, faisaient le lamanage dans les différents ports : pour s'occuper, pour rencontrer du monde, ou parce qu'ils avaient de la famille parmis les marins. Pour ma part, j'ai fait ça pendant presque dix ans. La plupart du temps, prendre l'amarre de bateaux à passager de cette taille (25 mètres ou moins) ne comporte pas de difficulté : on vous jette l'amarre (la "garde") à hauteur de taille ou des genoux ; l'extrémité de cette amarre est formée d'un oeil que vous passez ("capellez") soit autour d'une bite d'amarrage, soit autour de l'ancrage d'un anneau (on dit "organneau" mais je ne sais pas comment ça s'écrit). Le bateau reste en marche avant, et ainsi l'amarre est tendue et le bateau plaqué au quai.
Par contre, quand il y a du vent (surtout si le bateau a une grande prise au vent et un moteur de puissance moyenne) ou beaucoup de courant, ça peut devenir beaucoup plus difficile... idem à grande basse mer ou grande pleine mer, où les courants sont tres forts et les bateaux ont des problèmes de tirant d'eau pour venir jusqu'au port ou bien sont trop hauts (à pleine mer) pour débarquer les passagers.
Pendant toutes ces années j'ai vu des gardes cassées, des manoeuvres recommencés plusieurs fois, j'ai failli y laisser ma main (quand l'amarre se tend brusquement alors qu'on est en train de la capeler, ça peut faire mal) et pas mal de choses encore. Mais que de souvenirs... Pendant que ma famille navigait à voile, moi j'apprenais la mer d'une autre façon depuis "mon" quai.
Aujourd'hui les choses ont changée : ceux que j'ai connus matelots sont devenus patrons de bateau, il ne reste plus beaucoup de bateau en bois ou acier : le plastique et surtout l'aluminium les ont remplacés. Mais ce sont toujours de vrais marins et je leur tire mon chapeau, d'autant que les conditions météo dans et hors du Golfe sont souvent franchement pourries. Il y a parfois des accidents de bateaux à passagers, mais je peux dire pour être très souvent monté à leur bord que la première préoccupation des patrons de bateaux à passagers et de leur équipage, c'est la sécurité : celle de leurs passagers et plus globalement celle du bateau.

Pendant toutes ces années il m'est aussi arrivé de donner le coup de main, à bord des bateaux d'une compagnie qui n'existe plus aujourd'hui. Le patron, Jean-Claude (décédé il y a quelques années), était un véritable ami et m'a appris pas mal de choses, notamment en me faisant confiance et en corrigeant ce que je faisais mal. J'étais déjà étudiant et avec une vie parisienne de futur ingé totalement différente de leurs vies de marins et pourtant il m'a toujours traité comme un égal... P'tite pensée émue pour lui et pour tout ceux que j'ai croisé dans ce port et que je croiserai encore j'espère :)

Cette fois-ci, c'est vraiment l'été. J'ai eu peur pendant les premiers jours qu'il n'y ait vraiment personne, mais au final les amis sont venus. On ne s'est ni appelé ni concertés, mais ils étaient là au rendez-vous. Pas tous, malheureusement, et pas tres longtemps, mais beaucoup d'entre eux. Il a fait en plus un temps superbe pendant 5 jours ce qui a rendu les choses d'autant plus agréables. Là maintenant, le soleil alterne avec les nuages et on nous annonce pluie et vent fort demain ; un été sans mauvais temps ne serait pas un été breton, mais j'espère juste que cela ne va pas durer...

A peine 3 semaines après le premier séjour, me revoilà en Bretagne. Enfin les vraies vacances !

Je suis arrivé mercredi alors que je travaillais la veille, j'étais vraiment trop impatient. Et hier, V. qui est un de mes meilleurs amis est passé pour la journée avec son copain. On a mangé ensemble, fait la visite touristique du coin, ça a été une très bonne journée :) Par contre, les amis que je vois tous les ans ici ne sont pas encore là, mais on annonce beaucoup d'arrivées pour le week-end. On va bien voir comment ça se passe, il ne faudrait pas qu'il y ait aussi peu de monde qu'en juillet... Mais si le soleil reste comme ça, je pense qu'ils vont venir :)