Dimanche dernier, je suis allé avec ma soeur rendre visite à mon grand-père paternel. Il a la maladie de Parkinson, et depuis le début de l'année il décline à toute vitesse : maintenant, il arrive à peine à bouger ses bras et à manger, quand il parle on le comprend à peine et il a besoin d'une assistance permanente pour continuer à vivre chez lui.
Ce qui est terrible, c'est que je le plains vraiment (il souffre physiquement, et puis voir sa propre déchéance comme ça, je ne le souhaite à personne), mais ça ne me touche pas plus que ça... je n'ai jamais vraiment aimé mes grands-parents paternels, et ce n'est pas parce qu'ils souffrent tous les deux (ma grand-mère paternelle a l'Alzheimer) que je vais me mettre à les aimer maintenant. Pour mes grands-parents, la famille et surtout leurs petits-enfants ont toujours été des faire-valoir auprès de leurs amis et connaissance. Alors que moi, j'aurais souhaité de ces grands-parents qu'ils m'aiment pour ce que je suis et pour ma personnalité, et non pas pour ma réussite sociale ! J'ai toujours eu droit à un traitement spécial (je suis le seul petit-fils au milieu de 9 filles) mais ça ne change rien en ce qui concerne l'amour que je n'ai pas reçu d'eux. A ce sujet, ça me fait vraiment marrer que pendant toute mon adolescence ils m'aient gavé de phrases du style "tu es le seul garçon, la descendance de la famille dépend de toi" ou encore "tu vas être le seul à perpétuer notre nom", la bonne blague !
Donc, nous y sommes allé dimanche, sans avoir prévenu. Mon grand-père était apparemment très content de nous voir et il a fait un énorme effort, puisqu'il est resté une bonne heure avec nous (d'habitude il demande à retourner dans sa chambre au bout de 10 minutes), et on est parvenus à communiquer, même s'il fallait à chaque fois lui demander patiemment de répéter. Il a demandé qu'on revienne plus souvent. Pour ma part je vais essayer, mais je n'ai rien promis. Il y a une chose qui est sûre : même si les relations entre mon père et son propre père ne sont pas simples, papa apprécie vraiment que j'aille voir le grand-père. Et ça, c'est déjà une bonne raison d'y aller.
Par comparaison, c'est le paradis avec mes grands-parents maternels. Mon grand-père maternel est mort il y a 6 ans, c'est probablement la fois où j'ai le plus pleuré de ma vie d'adulte. Quant à ma grand-mère, 90 ans et toujours vaillante. Elle a le coeur sur la main, quand on va la voir elle nous fait bien comprendre que nous sommes les personnes au monde les plus importantes, on a droit à des compliments sincères... En plus, elle est tolérante et a l'esprit vraiment ouvert, surtout pour quelqu'un de son âge. Je l'ai vue dimanche aussi (j'ai déjeuné seul avec elle au resto), et elle m'a redit que ça lui ferait plaisir que je me trouve un mec. Elle ne comprend pas pourquoi les gays n'ont pas le droit d'adopter les enfants... et il y a deux ans, quand je me suis retrouvé célibataire, elle avait dit à toute la famille qu'il était urgent de me trouver un nouveau copain... un sacré contraste.
Enfin donc, après avoir déjeuné avec ma grand-mère maternelle et passé une heure avec mon grand-père paternel, je suis rentré à la maison lessivé. Voir quelqu'un souffrir comme ça, non seulement cela fait compatir, mais aussi ça projette dans son propre avenir et ça pose la question de sa propre mort...